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de doctrines défini et établi. Il a consigné ses idées à ce sujet dans un livre d’une grande élévation de pensée dont le titre seul est un programme : Ma religion[1].

Ce livre n’est pas autre chose qu’un commentaire des Évangiles, dont on prétend nous faire connaître la morale. Nous n’étions pas, assurément, sans soupçonner celle-ci, et même sans savoir qu’elle n’est point différente de la morale qu’ont prêchée bien des penseurs avant Jésus. L’originalité de Tolstoï consiste en ceci qu’il est absolument indifférent à ce qui fait le fondement même de la religion chrétienne, à savoir le caractère révélé des livres saints et la divinité du Christ.

« C’est terrible à dire, avoue-t-il, mais il me paraît que si la doctrine de Jésus et celle de l’Église, qui a poussé dessus, n’avaient jamais existé, ceux qui s’appellent aujourd’hui chrétiens auraient été beaucoup plus près qu’ils ne le sont de la doctrine de Jésus, c’est-à-dire de la doc-

  1. Un volume, paru en traduction française chez Fischbacher, Paris, 1884.