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religions positives connues, et, nécessairement, le problème se trouve ainsi faussé dans ses prémisses.

Avec les religions positives, avec les confessions et les cultes déterminés, l’Art ne peut avoir que des rapports artificiels, non naturels et nécessaires ; s’il en a, aussitôt il devient lui-même factice ; car il n’est plus libre, puisqu’il doit se conformer à des doctrines absolues et formelles. Nous aurions ainsi un art sectaire, qui chercherait à exprimer non pas la Vérité, mais des vérités et des dogmes formulés en préceptes catégoriques et impératifs. La plupart des œuvres religieuses de la Renaissance – pas toutes – rentrent dans cette espèce de contrefaçon d’art ; elles ne sont véritablement belles que lorsque, en dépit du but religieux, et au-dessus de lui, elles expriment le pur sentiment humain. L’Art véritable est même le plus souvent en contradiction décidée et consciente avec la religion en tant que formule précise et étroite d’un ensemble de doctrines et de croyances. Il est, en face de celle-ci, une revendication énergique de la Nature indépendante et