Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 41 –

prononçant », il ne s’aperçoit pas qu’il établit une théorie absolument pareille sur la base de sa prétendue « science du bien et du mal ».

Il était fatal qu’il en arrivât à cette inconséquence. Du moment qu’on admet que « c’est le sens religieux qui décide de la valeur des sentiments exprimés par l’Art », on doit, avec Tolstoï, rejeté l’art qui correspond à une conception religieuse antérieure et moins parfaite que la religion qu’on professe. Comme il est, lui, chrétien orthodoxe, il est logique en ravalant l’art hellénique au rang d’une manifestation primitive et grossière ; il est logique en demandant que l’Art se conforme aux Évangiles et n’exprime « que les sentiments capables de produire l’union des hommes avec Dieu et entre eux ».

Richard Wagner avait touché aux mêmes questions, mais avec une précision et une clarté d’exposition autrement pénétrantes. Lui aussi, dans Kunst und Revolution[1], il reconnaît que l’art est un produit

  1. Je signalerai à ce propos une excellente traduction