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ADDITION


Page 199 et suiv. — À propos de la thèse de M. H. S. Chamberlain sur la subordination du musicien au poète, je me suis souvenu, après coup, d’un aveu très important de Wagner, que l’on trouvera dans une de ses dissertations les moins connues : Ueber die Benennung Musikdrama. Dans ce court écrit, il s’explique sur la dénomination de drame musical, donnée à ses œuvres, et il déclare qu’elle ne répond pas en réalité à l’œuvre d’art qu’il croit avoir créée ; car, suivant cette dénomination, c’est le drame qui reste l’essentiel.

« Or, dit-il, la musique nous est représentée dans un rapport inexact à l’égard du drame (Schauspiel) si on ne la considère que comme une partie du Tout ; comme telle, elle serait simplement superflue et gênante ; aussi a-t-elle été exclue complètement du véritable drame. Ici, au contraire (dans son œuvre à lui), elle est en vérité la partie qui dans le principe était tout ; elle se sent de nouveau appelée à reprendre son antique dignité de source (Mutterschooss) même du drame. En cette qualité, elle n’a à prendre place ni devant ni derrière le drame ; elle n’est pas sa rivale, mais sa mère. Elle chante ; et ce qu’elle chante, vous le voyez là-haut sur la scène ; c’est dans ce but qu’elle vous a assemblés : car ce qu’elle est, vous ne pouvez jamais que le soupçonner ; c’est pourquoi elle se révèle à vos yeux par le symbole scénique, à peu près comme la mère expose à ses enfants les mystères de la Religion par le récit de la Légende. »

Cela me paraît tout à fait décisif. Voir : Gesammelte Schriften, tome ix, 362.