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à son tour le centre d’une multiformité toujours croissante. En d’autres termes, mélodie, harmonie et rythme, les trois éléments constitutifs de toute musique, ont été tour à tour l’objet de développements distincts après s’être affirmés d’une manière homogène dans un ensemble d’apparence très simple et rudimentaire ; séparément chacun s’est complété, a pris conscience de lui-même ; il a tendu alors à rétablir, avec les mille nuances qu’il avait acquises, l’homogénéité primitive dans une complexité plus grande.

C’est là toute l’histoire de notre musique jusqu’à la plus récente évolution dont l’œuvre de Richard Wagner a été l’aboutissement. Vagues mélopées prosodiques des premiers âges chrétiens ; développement des éléments rythmiques européens dans la chanson populaire du moyen âge ; spécialisation de plus en plus caractérisée de l’harmonie dans le déchant ; puis, dans l’école des polyphonistes vocaux, la mélodie et même le rythme demeurant en leur état primitif ; ensuite, développement de celle-ci d’une façon distincte, pour