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deux. Nous ne pourrions même revenir aux modes ecclésiastiques qui dominèrent dans toute l’Europe musicale jusque fort avant dans le moyen âge. Bien que notre système tonal actuel, avec ses deux modes majeur et mineur, en soit issu historiquement et à une date relativement récente, les anciennes gammes que nous sont devenues aussi étrangères que le français ou le tudesque du xiie siècle ; elles appartiennent au système d’une langue morte. Quand nous les employons, ce n’est jamais que temporairement, par fragments, en vue d’un effet cherché et voulu.

On peut enfin, comme conséquence de ces observations, affirmer qu’aucune musique ne se comprend absolument sans préparation et d’instinct. Là, Nietzsche a dit vrai, tout en se méprenant sur la nature du phénomène. L’usage, la mémoire et la comparaison nous mettent au fait du sens symbolique des mélismes de notre propre musique ; mieux nous les connaîtrons, plus elle nous saisira. Au contraire, une musique dont les mélismes et les rythmes nous seraient inconnus, seraient nouveaux pour