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transformations dont l’arrêt échappe à toute prévision. La marche de notre musique est absolument parallèle. Dans ce sens, on peut dire que l’art musical est un produit tardif de chaque civilisation.

On voit par ce qui précède dans quel sens Nietzsche s’est fourvoyé, lorsqu’il s’est efforcé de représenter la musique comme le produit tardif de toute culture. J’ai montré combien sa thèse était contestable en ce qui concerne la musique spécialement européenne. En ce qui concerne la musique en général, il me semble qu’il n’a même pas soupçonné les termes du problème.

En résumé, il résulte de tout ceci que la musique est tout d’abord le langage sentimental d’une race, dont la compréhension n’est jamais complètement accessible à d’autres individus que ceux de cette race.

De là résulte encore qu’il n’y a pas grand’chose à espérer de la fusion des musiques exotiques avec la nôtre.

Je n’ignore pas qu’un maître illustre, M. Camille Saint-Saëns, est d’un avis différent. Naguère, dans un article très