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et merveilleuses combinaisons harmoniques que les peuplades des archipels de la Malaisie savent produire avec leurs jeux de cloches ? Nous en saisissons le charme étrange et captivant, mais nous n’en comprenons pas exactement le sens ; tout au moins ne parvenons-nous pas, en l’état actuel de nos connaissances, à en pénétrer toute la signification.

Il est donc bien évident que des traditions conventionnelles concourent avec les causes physiologiques et ethniques pour fixer le sens de tout langage musical. La musique de chaque peuple et de chaque race correspond à l’ensemble de circonstances tout à la fois spécifiques, naturelles et historiques, qui ont produit sa culture et l’ont amené à un degré plus ou moins élevé de civilisation. Elle se développe parallèlement à leur langue et d’une façon analogue, pour ne pas dire identique. Nos langues, en Europe, ne se sont formées qu’à la suite d’une longue série d’évolutions et d’épurations ; elles ne se sont fixées qu’assez tard, et aujourd’hui encore elles subissent des modifications et des