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des morceaux lents, sans nous douter que le 12/8 devrait être toujours un mouvement plutôt vif et balancé ; et ainsi de suite. Alors nous avons recours pour nous tirer d’affaire à ces vocables imprécis, qui ne correspondent à aucune donnée certaine : andante, allegro, presto, adagio, etc. De là, les surprenantes fluctuations que l’on remarque dans l’interprétation d’un même morceau. C’est l’arbitraire, la fantaisie, le caprice et le plus souvent l’aberration.

Mais nos compositeurs actuels ont d’autres soucis que le rythme. Ils sont préoccupés infiniment plus de la recherche de tournures mélodiques, originales ou personnelles, et d’harmonies savoureuses que de proportions rythmiques bien établies ; et cependant, sans celles-ci, leurs œuvres ne sauraient avoir de vitalité ni exercer d’impression durable, car c’est le rythme seul qui peut établir leur sens général et de qui elles peuvent tirer leur puissance de contagion. Le rythme, on ne saurait trop le dire et le répéter, est ce qu’il y a d’immuable et d’éternel dans la musique.