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unique, une même harmonie, répétés sans aucune modification, peuvent acquérir un sens musical quand le rythme les anime.

Le rythme est le mouvement, il est la vie. C’est lui l’élément fécondant.

Ainsi, le rythme est l’élément fondamental et essentiel de la musique. « Au commencement était le rythme, » disait Hans de Bulow, parodiant le mot de la Genèse[1]. Il avait raison.

On pourrait comparer le rythme à l’ossature et à la musculature qui sont la caractéristique de l’espèce humaine dans l’ordre zoologique et qui, sauf de secondaires

  1. À ce propos, j’appelle l’attention des musiciens sur l’admirable chapitre consacré à la rythmique dans le grand ouvrage de Gevaert sur la Musique dans l’antiquité hellénique. C’est un exposé d’une incomparable clarté, que tout musicien devrait étudier et connaître à fond, qui devrait même servir de base à toute notre éducation musicale, de préférence à l’étude du solfège tel qu’il est généralement enseigné, c’est-à-dire presque exclusivement consacré à la définition et à l’analyse des intervalles la claire notion du rythme est le fondement de toute compréhension musicale. – Je rappellerai aussi le beau travail de Westphal sur la Rythmique d’Aristoxène et les rapprochement profondément intéressants que ce savant établit entre la théorie du rythme chez les Grecs et la rythmique de la musique moderne, par exemple chez J.-S. Bach.