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De là, la puissance expressive de la musique et son incomparable accent de vérité.

Le chant, – déterminons bien ce point, – est aussi naturel et nécessaire à l’homme que la parole. Il n’en est pas un dérivé ni un succédané, comme on l’a dit et écrit si souvent ; au contraire. Le chant, – forme primaire de toute musique, – est sinon antérieur, tout au moins simultané au langage articulé ; et il intervient précisément au moment où les symboles de celui-ci deviennent insuffisants, où ils n’ont plus la puissance expressive correspondante à l’intensité des vibrations de l’âme agitée par une émotion qui la fait sortir de l’état de repos, d’équilibre ou d’indifférence. Il y a des moments où le sens des mots veut être élargi et amplifié, ou rendu plus subtil et plus délicat, au delà de ce qu’il exprime conventionnellement. Alors nous chantons, nous empruntons le secours de la musique, naturellement et sans effort.

Elle est l’intermédiaire de toute exaltation du sentiment ; elle peut exprimer les nuances les plus atténuées, comme le