Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 332 –

mêmes de ce médium, c’est-à-dire de nos sensations. C’est ce que, plus tard, Schopenhauer, conformément à son système philosophique, en sa phraséologie plus métaphysique, exprimait ainsi : « La musique ne s’arrête pas au monde des apparences, elle s’occupe au contraire et directement de la chose en soi qui se dissimule derrière les apparences ; les sons sont l’intermédiaire de l’essence du monde. »

Cela est essentiel, car nous pouvons dès lors définir la musique : une activité mentale, particulière à l’être humain, qui ne s’attache pas à rendre les formes extérieures de nos émotions, comme le font toutes les autres manifestations de notre faculté esthétique, mais qui en suggère et en communique la nature intrinsèque. Pour reprendre la définition de Herder : tandis que les symboles des autres arts ne sont que des images, les symboles de la musique, – suite mélodique de sons, harmonie, mouvement et rythme, – sont non pas l’imitation des vibrations de l’âme, mais ces vibrations mêmes rendues sensibles et extériorisées.