Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 326 –

locales et nationales devinrent florissants et répandirent sur l’Europe une sorte de parfum mélangé ; ce sont ces deux tendances du sentiment, éprouvées dans leur suprême puissance et poursuivies jusqu’à leur extrême limite, qui résonnent une dernière fois dans l’art wagnérien. Les antiques légendes qu’il utilise, son souci d’ennoblissement de ces dieux et de ces héros étranges, – qui ne sont après tout que des bêtes fauves souveraines avec des accès de générosité et de lassitude de vivre, – la façon dont il a ranimé ces figures en y ajoutant l’aspiration du moyen âge chrétien à la sensualité extatique et à l’ascétisme, toute cette manipulation wagnérienne au regard des sujets, des âmes, des attitudes et des mots, se traduit clairement dans l’esprit de sa musique, autant que la musique peut parler avec clarté. Cet esprit mêne la toute dernière guerre de réaction contre l’esprit de lumière qui, du siècle dernier, a soufflé sur celui-ci, comme aussi contre la pensée ultra-nationale de la rêverie subversive française et contre la sécheresse anglo-américaine au regard de la