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elles qu’elle introduit dans l’art des sons pourrait de même se comparer au développement progressif des idées d’indépendance individuelle et de libre arbitre qui marquent les deux siècles suivants ; enfin l’émancipation s’achève, parallèlement dans les mœurs et la musique ; au seuil des temps modernes, d’un côté : la Révolution française, de l’autre : Beethoven.

Ne vous semble-t-il pas que pour une floraison tardive, celle de l’art musical est singulièrement en accord avec les civilisations dont elle dépend ?

De l’idée fausse qu’il se fait sur ce point, Nietzsche déduit nécessairement des vues très sujettes à caution quant à l’avenir de notre art :

« Peut-être, dit-il, notre plus récente musique allemande, si dominante, si dominatrice qu’elle soit, ne sera-t-elle plus comprise avant qu’il soit longtemps, car elle est issue d’une civilisation qui subit un rapide déclin ; son terrain est cette période de réaction et de restauration pendant laquelle un certain catholicisme de sentiment et le goût pour tout ce qui touche aux traditions