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– que la musique soit la dernière floraison parmi les arts d’une époque.

Pour moi, je ne le pense pas ; je tiens cette idée pour un de ces lieux communs de l’histoire des arts dont les beaux esprits, les critiques littéraires, en particulier, se font trop souvent les dangereux propagateurs, et qui s’incrustant solidement dans les livres et passant de l’un à l’autre, finissent par s’imposer comme des vérités supérieures.

La musique, cela n’est pas contestable, est arrivée à son complet développement très tard, après toutes les autres espèces de manifestations esthétiques. Elle suit les lettres, la peinture, l’architecture, la sculpture. Mais cela tient à une cause toute fortuite et extérieure ; c’est qu’il a fallu créer de toutes pièces le matériel technique dont elle avait besoin et que ce matériel, résultat de patientes et laborieuses recherches, n’a guère pu être constitué dans son intégralité que depuis deux siècles. C’est seulement, en effet, à la fin du xvie siècle que nous voyons l’harmonie définitivement établie sur des bases solides, correspon-