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judéo-héroïque qui créa tout le mouvement de la Réformation. Mozart seulement a rendu en métal sonore l’époque de Louis xiv, l’art de Racine et de Claude Lorrain. Le xviiie siècle, le siècle de la rêverie, des idéals brisés et du bonheur fugitif se chante seulement dans la musique de Beethoven et de Rossini. Si l’on voulait une comparaison sensible, on pourrait dire que la musique n’est pas une langue générale, éternelle comme on l’a dit d’elle trop souvent ; au contraire, elle correspond exactement au degré de sentiment et de chaleur momentanée que chaque civilisation déterminée, limitée dans le temps et l’espace, porte en elle comme une loi interne ; la musique de Palestrina serait complètement insaisissable à un Grec, et, d’autre part, qu’est-ce que Palestrina entendrait dans la musique de Rossini ? »

Intéressantes certes, ces réflexions qui paraissent résoudre un problème devant lequel l’esthétique a hésité souvent, n’en sont pas moins très superficielles. Des questions analogues, ne pourrait-on pas les poser à propos de tous les autres arts ?