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nifester d’ailleurs à l’égard de sa propre pensée cette « mystérieuse hostilité » qu’il estimait nécessaire pour juger sainement. D’une page à l’autre il se détruit. Comme il avait « surmonté » son wagnérisme, comme il avait surmonté en lui le philologue, il surmonta l’esthéticien, et après s’être vanté d’avoir introduit dans l’esthétique les oppositions d’idées entre apollinien et dyonisien, – en sa Naissance de la Tragédie, – il déclara plus tard qu’il renonçait à les maintenir.

Gardons-nous d’un scepticisme analogue et retenons des rêveries du poète-philosophe, des badinages du dilettante, des simples billevesées de cet esprit curieux, étrange, brillant, profond et déséquilibré les quelques réflexions justes et pénétrantes que lui a inspirées l’art de Richard Wagner au temps où il le comprenait encore. Elles restent ses meilleures pages.

Le maître de Bayreuth, quoi qu’il en pense, aura été le meilleur de lui-même et instinctivement Nietzsche sentit ce qu’il perdait en le quittant. Du jour où il s’en sépara, son imagination, certes extraordi-