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même son point de départ par une ironie qui est bien caractéristique de son génie incertain :

« Rien, absolument rien ne nous garantit que le modèle de la beauté soit l’homme. Qui sait quel serait l’effet qu’il ferait aux yeux d’un juge supérieur de goût ? Peut-être paraîtrait-il osé ? peut-être même réjouissant ? peut-être un peu arbitraire ? – Ô Dionysos divin, pourquoi me tires-tu les oreilles ? demandait un jour Ariane à son philosophique amant, dans un de ces célèbres dialogues dans l’île de Naxos. – Je trouve une espèce d’humour à tes oreilles, Ariane : pourquoi ne sont-elles pas encore plus longues ? »

La pensée de Nietzsche n’a pas la force d’aller au delà de cette raillerie. Son esthétique s’arrête à ce scepticisme d’homme dégoûté de tout. Et l’on pourrait lui appliquer ce qu’il disait de je ne sais quel penseur : « qu’il n’avait besoin d’aucun contradicteur pour le réfuter, qu’il se suffisait à lui-même ».

Nietzsche aussi se suffit pour le réfuter. Il se « surmonte » constamment, sans ma-