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œuvres de Wagner. Là aussi, selon l’expression plus pittoresque que juste de notre philosophe, il faudrait nager.

Ce mot n’est qu’une paillette, un trait plus ou moins spirituel ; au fond, il n’a guère de portée, car dès qu’on cherche à s’en expliquer le sens, il n’en reste rien.

Ce qui n’empêche pas Nietzsche de rencontrer, à tout propos, des vues justes. En 1877, il écrivait ceci :

« Plus la musique française se développera selon les véritables besoins de l’âme moderne, plus elle wagnérisera, on peut le prévoir ; dès maintenant, elle le fait déjà bien assez ! » L’événement a confirmé et au delà cette prévision.

Il disait encore : « La musique d’aujourd’hui, avec ses poumons forts et ses faibles nerfs, s’effraye toujours tout d’abord d’elle-même. »

Comprenez-vous ? J’avoue que le sens de cette apparence d’idée m’échappe. Les philosophes ont des grâces d’état : ils peuvent énoncer impunément des choses qu’ils croient très profondes et qui ne résistent pas à une analyse sommaire. Pou-