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prit ; sa magie reposait sur l’alternance de ce souffle plus froid venant de la possession de soi, et du souffle chaud de l’exaltation musicale. Richard Wagner a voulu une autre espèce de mouvement de l’âme, voisine comme je viens de le dire de l’action de nager ou de planer. Son célèbre procédé, issu de ce dessein et adapté à l’avenant, – la mélodie infinie, – s’efforce de briser tout équilibre mathématique des temps et des forces ; il est inépuisable dans l’invention d’effets qui sonnent aux oreilles anciennes comme des paradoxes et des blasphèmes rythmiques. Il a peur de la pétrification, de la cristallisation de la musique, il craint de la voir verser dans l’artchitectonique, – et c’est pourquoi il oppose le rythme binaire au ternaire, introduit fréquemment la mesure à cinq et à sept temps, répète la même phrase, mais avec un élargissement qui prolonge sa durée du double au triple. De l’imitation irraisonnée de cet art pourrait résulter un grand danger pour la musique ; toujours, à côté de la surmaturité du sentiment rythmique, se dissimule astucieusement de