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ment saisissante que dans les mélismes des dramatistes italiens du commencement de ce siècle.

On comprend que sous l’empire de ces sentiments, Nietzsche se trouve fort incertain en face de la musique nouvelle. À cette question qu’il se pose : Comment l’âme doit-elle se mouvoir selon la musique nouvelle ? il répond ainsi :

« Le but artistique que poursuit la musique nouvelle en adoptant ce qu’on a appelé avec plus de force que de précision « la mélodie infinie », on pourra s’en faire une idée claire en entrant dans la mer, de manière à perdre le contact certain avec le sol et en se livrant enfin à l’élément mouvant sans réserve : il faut nager. Dans la musique antérieure, plus ancienne, il fallait jusqu’ici danser, plus vite ou plus lentement, en des attitudes variées, ou gracieuses, ou solennelles, ou enflammées ; par cela qu’il fallait une certaine mesure, qu’il fallait observer certains degrés de temps ou de force déterminés et équivalents, cette musique exigeait de l’auditeur une constante présence d’es-