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lisme, absorbé dans les mêmes conditions, provoquerait en nous des impressions analogues à celles qu’il décrit avec un charme poétique plus séduisant que décisif. N’est-ce pas de ce mélange de plaisir esthétique et de tristesse morale dont il parle que les chansons populaires tirent le meilleur de leur puissance d’action, n’est-ce pas à lui qu’elles doivent leur charme indestructible en dépit de toutes les modifications du style et des procédés de la musique ?

Mais la chanson populaire n’a guère préoccupé Nietzsche, à ce qu’il semble. Il était un esprit trop compliqué, trop littéraire et dont le développement s’était produit d’une façon trop factice, pour goûter l’intense poésie, pour reconnaître exactement la valeur propre des créations du génie populaire. C’est peut-être ce qui explique l’incompréhension qu’il manifeste à l’égard de certains maîtres dont la caractéristique est précisément de s’être profondément assimilé les mélismes de la chanson populaire, où l’âme même de la musique chante avec une puissance autre-