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le plus précieux, – tout cela fait résonner alors les cordes de notre âme plus puissamment qu’aucune actualité de l’art, si riche et si sérieuse qu’elle puisse être. Ce mélange de plaisir esthétique et de tristesse morale, que l’on nomme d’habitude sentimentalité, est favorable à la musique italienne, que les gourmets expérimentés de l’art, les purs esthéticiens affectent d’ignorer. Au demeurant, toute musique n’agit avec magie qu’à partir du moment où nous entendons en elle le langage de notre propre passé ; et dans ce sens, toute musique ancienne paraîtra toujours meilleure aux non-initiés, la musique née d’hier, en revanche, de peu de valeur, car elle ne provoque pas encore cette sentimentalité, qui, comme on vient de le dire, est le plus essentiel élément du plaisir que fait éprouver la musique à quiconque n’est pas en mesure de se délecter de cet art en artiste. »

Si juste que soit la dernière observation, la thèse de Nietzsche n’en est pas moins insoutenable et ne prouve rien en faveur de ses mélismes italiens ; tout autre mé-