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conséquent parler constamment la langue des gestes du Grand Pécheur. Mais un auditeur qui ne serait pas suffisamment chrétien pour comprendre cette logique, pourrait être tenté de s’écrier : « Pour l’amour du ciel, comment le péché est-il entré dans la musique ! ».

Reconnaissons qu’il y a dans notre manière hyperbolique de tout concevoir quelque chose qui correspond à cette image du Grand Pécheur chrétien, tourmenté par le remords et s’abîmant sans cesse dans une contrition d’autant plus factice qu’elle n’est le plus souvent justifiée par aucun crime authentique.

Affectation, voilà le défaut non seulement de notre musique, mais de tout notre art moderne. Citons encore Nietzsche à ce propos :

« Le danger de la musique moderne réside en ceci qu’elle nous met aux lèvres la coupe de la puissance et du grandiose, avec une apparence d’extase morale et d’une façon si séduisante, que même le plus modéré et le plus sage en absorbe toujours quelques gouttes de trop. Ce minimum