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le plus de relief possible à chaque morceau de lui faire parler à tout prix « un langage dramatique. » Il dit très à propos :

« Cette manière appliquée à Mozart, par exemple, n’est-elle pas un vrai crime contre l’esprit de Mozart, cet esprit joyeux, ensoleillé, tendre et léger, dont la gravité a de la bonté, mais n’est pas une gravité terrible, qui fait peur, qui met en fuite l’aditeur ? Ou bien croyez-vous que la musique de Mozart soit toujours synonyme de musique de l’« invité de pierre ? »[1]. N’est-ce pas aussi le cas de toute l’autre musique ? Vous répliquer que l’effet produit est en faveur de votre thèse, et vous auriez raison si, d’autre part, ne se posait la question de savoir sur qui l’effet a été ainsi produit, et sur qui un artiste éminent doit seul vouloir agir. Jamais sur le peuple ! Jamais sur les incultes ! Jamais sur les sensitifs ! Jamais sur les maladifs ! Mais, avant tout, jamais sur les usés ! »

À ces lignes se rattache une autre obser-

  1. Allusion à la scène fantastique de la « Statue du Commandeur » dans le Don Juan de Mozart.