Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 289 –

de vrai, bien que ce ne soit pas le vrai. À vous de voir comment cela doit se faire, puisque c’est vous qui écoutez, – et, comme l’a dit notre Schiller, celui qui vit à toujours raison. Continuez donc à avoir raison et laissez-moi redescendre sous terre. »

Voilà un commentaire original du vieil adage devenu banal : La lettre tue, l’esprit vivifie. Les traditionnalistes de la musique protesteront sans doute ; mais il faut convenir que cette façon de comprendre le problème correspond au sentiment irrésistible de tous les grands virtuoses ; fatalement, ils introduisent quelque chose de leur âme dans les œuvres anciennes qu’ils font revivre pour nous, et ils ont raison.

Nietzsche est loin d’ailleurs de prêcher une liberté absolue à cet égard ; il est plutôt classique et conservateur en cette matière et ne veut pas que l’indépendance de l’interprète soit poussée jusqu’à l’arbitraire.

Parlant du principe de l’interprétation dans la musique, il doute que les virtuoses modernes aient raison de croire que la loi suprême de leur art est de donner