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dans Choses humaines par trop humaines :

« La musique de Beethoven apparaît souvent comme une méditation profondément émue, à la réaudition inattendue d’un fragment « d’innocence en musique » retrouvée après qu’on la croyait depuis longtemps perdue ; c’est de la musique plus haut que la musique. Dans la chanson du mendiant et de l’enfant des rues, dans la mélopée monotone des Italiens vagabonds, dans la danse au cabaret de village ou dans les nuits de carnaval, c’est là qu’il découvrait ses « mélodies » : il les récoltait comme une abeille, saisissant au vol, ici ou là, un son ou un court dessin. Ces fragments sont pour lui des souvenirs d’un « monde meilleur » : semblablement, Platon pensait des idées. – Mozart occupe un tout autre point de vue par rapport à ses mélodies ; il trouve ses inspirations non pas en écoutant de la musique, mais en regardant la vie, la vie animée du Midi : il rêvait toujours à l’Italie, quand il n’y était pas. »

Il y a là une sensibilité délicate qui s’émeut à propos. Avec la même originalité, Nietzsche parle, çà et là, d’autres