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Une chose le distingue de tous les contemporains avec lesquels Nietzsche le met en parallèle : c’est sa virginité d’âme. Il n’a pas les tares morales de Rousseau, il n’a pas les faiblesses physiques de Schiller, il n’a pas les vices intellectuels de Byron ; il est une puissance à la fois physique et morale.

C’est ce qui l’élève au-dessus de son temps et le détache de lui. Il n’est pas transitoire : il est absolu et supérieur, en dépit des particularités qui le localisent dans la période intermédiaire du siècle naissant. Son originalité fondamentale et son indépendance de caractère ajoutent aux traits qu’il tient de son temps et du mouvement auquel il participe tout un ensemble de qualités qu’aucun de ses contemporains ne possède.

Ainsi il s’explique qu’indépendamment de son rôle esthétique, il ait rempli aussi un rôle social et moral important, sur lequel Wagner a justement appelé l’attention. De lui date, en réalité, l’émancipation de l’artiste ; il fut le premier artiste émancipé. Jusqu’à lui, les musiciens, même en France, avaient été considérés comme