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loin et plus profondément dans l’histoire de l’humanité.

Pour tout dire, nous devons considérer Beethoven comme un des fondateurs du sentiment moderne.

S’il y a, dans son style, quelques traces de l’emphase tribunitienne commune à toutes les œuvres du commencement du siècle, sa surabondance cependant n’a rien de banal et de creux ; elle est, au contraire, absolument saine et prodigieusement puissante, parce qu’elle est sincère, sans aucun mélange ; il n’y a en elle rien de factice ; elle est l’expression de la force expansive de vie qui était en lui. Beethoven n’est pas un rêveur comme Rousseau, comme Schiller, comme Byron. Il est un réaliste, le plus grand peut-être que mentionne l’histoire de l’art. Sa philosophie est toute simpliste, son humanitarisme tout naturel et sans aucune tendance à la sensiblerie. S’il eut des tendresses exquises, on lui connut aussi des rudesses et des révoltes qui attestent la complexité de sa nature. Il est un homme absolu et complet, un produit fruste et merveilleusement vigoureux de la nature.