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décisive, je ne sais quelle ardeur passionnée, quel regain d’énergie vitale.

Qu’il y ait dans l’œuvre de Beethoven un certain pathos, un ton déclamatoire qui rappelle Rousseau, Byron, Schiller, comme le fait remarquer Nietzsche, cela n’est pas contestable. Beethoven lui-même ne demandait-il pas que l’on « déclamât » ses sonates ? Il savait bien qu’il y avait mis autre chose que de la musique, qu’il y exprimait des idées et des sentiments, que ces œuvres étaient de véritables poèmes où il se donnait tout entier.

Beethoven fut, d’ailleurs, un partisan très ardent de tout le mouvement sentimental et intellectuel issu de la Révolution. Mais il n’était pas disciple de Rousseau seul. Il s’était fait une idée du monde d’après des lectures infiniment variées ; il possédait des notions très claires de la philosophie de l’Inde et de l’art des Grecs, qui n’ont pas grand chose à voir avec Rousseau. En cela, Nietzsche ne l’apprécie pas exactement : Beethoven était, certes, de son temps ; mais les racines de sa culture plongeaient plus