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« Qu’allons-nous devenir avec ce terrible programme ? » se lamentait dans les coulisses le kapellmeister anxieux.

« – Attendez, lui répondit le violoniste Lipinski : le concert finit par la Symphonie en ut mineur de Beethoven ; aux premières mesures vous allez voir tout le monde se rassurer. »

Et en effet, raconte Wagner, la symphonie commence ; ce n’est que soupirs de soulagement, expression de confiance, tous les soucis oubliés, cris de « Vive le Roi ! » à la sortie du concert. Beethoven avait tout sauvé !

La Symphonie en utmineur est, il est vrai, l’œuvre la plus extraordinaire sous ce rapport que possède la musique. L’énergie rythmique en est telle qu’il faudrait être sourd, ou privé totalement de toute sensibilité à l’égard des phénomènes sonores, pour ne pas être touché par elle. Mais elle n’est pas seule dans ce cas ; et la Symphonie héroïque, la septième, la neuvième, les ouvertures d’Egmont et de Coriolan, telle des sonates pour piano, imposent à notre sentiment, avec une autorité tout aussi