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autres œuvres. Il semblait que quelque chose de la passion et de la fierté qui est dans cette musique, se communiquât à eux. Je crois qu’il serait dangereux pour un chef d’orchestre, après une symphonie ou une des grandes ouvertures de Beethoven, de se montrer tyrannique ou brutal vis-à-vis de ses musiciens ; ils se soulèveraient, ils lui lanceraient leurs instruments à la tête.

Wagner raconte une piquante anecdote qui corrobore cette observation. Cela remonte à l’époque où il était encore maître de chapelle du roi de Saxe, à Dresde. On était à la veille de la révolution de 1849. Il y avait de la fermentation dans l’air et du malaise dans les classes dirigeantes. Un concert avait été annoncé, au théâtre, auquel le Roi devait assister. Wagner dirigeait. Toute la Cour était présente. La salle était comble ; mais la menace des événements détournait visiblement l’attention de l’auditoire ; pour comble de malheur, le programme était composé pour la plus grande partie de morceaux en mineur, à commencer par la Symphonie écossaise de Mendelssohn.