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avec Bach, le seul qui « tienne » encore, intangible et complet, après Wagner.

Parce qu’il est, comme dit Nietzsche, « le chantre de l’âme ivre de jeunesse et d’avenir ». Sa musique, à ce point de vue, n’a même pas cessé d’être révolutionnaire, si classique qu’elle soit devenue à un autre point de vue. Psychologiquement, cette musique est essentiellement juvénile, active, elle pousse à l’action, elle exalte toutes nos énergies, plus que celle d’aucun autre maître, avant ou après lui.

Interrogez là-dessus les musiciens d’orchestre ; ils vous répondront que jamais Beethoven ne les laisse indifférents. Si souvent qu’ils les aient jouées, ils reviennent toujours avec joie à ses grandes œuvres symphoniques.

Il m’est arrivé bien souvent d’assister à des lectures et répétitions de nos grands orchestres symphoniques ; toujours j’ai observé que, dès les premières mesures, lorsqu’on attaquait du Beethoven, la physionomie des exécutants s’illuminait en quelque sorte ; ils se redressaient, se dépensaient avec un feu qu’ils ne donnaient pas aux