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que chose à quoi puissent en appeler sa bonne société, sa tendre passion, sa courtoisie de cœur, son besoin de choses précieuses, amoureuses, dansantes, sentimentales, sa croyance aux choses du Midi ! Hélas, un jour, c’en sera fait de tout cela – mais qui peut douter que la compréhension et le goût de Beethoven s’en iront plus tôt encore ! »

Ici, Nietzsche, tout au moins pour notre temps, est mauvais prophète. Mais passons et voyons pourquoi notre philosophe croit que Beethoven passera plus tôt que Mozart : c’est, nous explique-t-il, parce que Beethoven est « un précurseur des romantiques ». Au moment où il écrivait Par delà le Bien et le Mal, le philosophe était au plus fort de sa crise antiromantique. De là cette appréciation du génie et du tempérament de Beethoven :

« Beethoven n’aura été que le dernier écho d’un style transitoire, d’un changement de style et non, comme Mozart, l’écho d’un grand et long siècle de goût européen. Beethoven est l’événement intermédiaire entre une vieille âme fragile qui se brise sans cesse et une âme ivre de jeunesse et