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trop faible encore et trop riche d’avenir ; ce genre de musique exprime le mieux ce que je pense des Allemands ; ils sont d’avant-hier et d’après-demain, – ils n’ont pas encore d’aujourd’hui[1]. »

Voilà une page d’admirable critique en dépit du parti pris de Nietzsche contre son auteur, d’où résultent certaines appréciations inexplicables. Qu’est-ce que le Midi par exemple, qu’est-ce que le ciel méridional ont à voir avec Nuremberg et ses Maîtres Chanteurs ? Nietzsche se laisse égarer ici par ses aspirations personnelles : il cesse d’être objectif, il ne tient plus compte de ce que l’auteur avait en vue. Son aversion tourne, malgré lui, à l’avantage de celui qu’il croyait critiquer. Tout ce qu’il dit de l’abondance, de la multiplicité, de la surcharge de cette musique, de son caractère ancien et nouveau tout ensemble, est frappant de justesse. C’est précisément ce qui fait de cette page de Wagner, comme,

  1. Cette citation et celles qui suivront sont extraites de la traduction de Par delà le Bien et le Mal, de MM. L Weiscopf et G. Art, publiée par la Société du Mercure de France.