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toutes les espèces de désirs obscurs, de concupiscences fougueuses » Cave musicam. tel était le conseil qu’il donnait à tous ceux « qui étaient encore assez hommes pour tenir à la pureté dans les choses de l’esprit. Ce genre de musique énerve, amollit, féminise ; son éternel féminin nous abaisse (zieht uns hinab) ! »

Cette aversion du romantisme, — morbide dans sa violence et son exclusivisme, — explique bien des défaillances de goût chez Nietzsche. Elle détruit toute liberté, toute objectivité dans ses appréciations. Il ne juge pas, il vitupère. Partout il ne rencontre qu’erreurs à « surmonter », que « valeurs à déplacer » comme il dit. Tout le lasse, le fatigue, l’excède. Son esthétique, en somme, comme sa philosophie, n’est qu’une série d’élans suivis d’affaiblissements.

Ses paradoxales contradictions ne sont pas toutefois sans offrir un vif intérêt. Un observateur aussi sagace et aussi pénétrant ne pouvait indéfiniment errer. Sa sensibilité surexcitée lui fait quelquefois découvrir de curieux et suggestifs parallélismes.