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élevons-nous jusqu’à cette pensée ! Mais notre vie est trop courte, notre vue trop bornée pour que nous puissions être autre chose qu’amis dans le sens de cette sublime possibilité. Ainsi donc nous voulons croire à notre amitié stellaire, quand bien même il nous faudrait être ennemis sur la terre ![1] »

  1. En 1882, pendant l’été, quelques mois avant la mort de Wagner, pendant les représentations de Parsifal, une tentative fut faite pour rapprocher les deux hommes. Nietzsche était installé, pour la saison d’été dans le petit village de Tautenburg, en Thuringe. Mlle de Meysenburg s’imagina qu’elle pourrait amener une réconciliation. Un soir, elle prononça à Whanfried le nom de Nietzsche. Wagner quitta le salon immédiatement en priant Mlle de Meysenburg de ne plus jamais prononcer ce nom devant lui. Vers la même époque, Nietzsche adressait à son amie Lou-Andreas-Salomé une lettre où il s’exprime ainsi : « En ce qui concerne Bayreuth, je suis heureux de ne pas devoir y être ; et cependant si je pouvais être en esprit tout à fait près de vous, vous murmurant ceci et cela tout bas à l’oreille, je pourrais supporter la musique de Parsifal (sinon elle m’est insupportable). Je voudrais qu’auparavant vous lisiez ma petite brochure, Richard Wagner à Bayreuth ; mon ami Rée la possède. J’ai fait une si cruelle expérience en ce qui concerne cet homme et son art, – que ce fut une longue et complète Passion : je ne trouve pas d’autre mot. Le renoncement nécessaire, le besoin de plus en plus pressant de me ressaisir moi-