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exactement comme Wagner est à cinquante pas de Brahms : « la wagnérienne », type plus caractéristique, plus intéressant et avant tout plus gracieux. Brahms nous touche aussi longtemps qu’il rêvasse intimement ou qu’il pleure sur lui-même ; en cela, il est moderne. Il devient froid, en revanche, il ne nous regarde plus dès qu’il veut devenir l’héritier des classiques. On l’a appelé volontiers l’héritier de Beethoven ; je ne connais pas d’euphémisme plus prudent. Tout ce qui a aujourd’hui quelque prétention au grand style en musique est ou bien faux envers nous, ou bien faux envers lui-même… Ce qui peut être bien fait, magistralement fait aujourd’hui, ce sont seulement les plus petites choses. Là seulement la sincérité est encore possible ; au delà, au point de vue essentiel, rien ne peut guérir la musique de sa destinée inévitable, de sa fatalité d’être l’expression de la contradiction physiologique, d’être moderne. »

Ainsi Nietzsche réduisait à néant le maître qu’un moment lui-même avait voulu opposer à Wagner. Comme il avait renié