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terprétation des mouvements de la vie et la reproduction des formes des choses. Toute la théorie de l’Art se trouvait ainsi réduite à un certain nombre de règles et de lois, précises comme les articles d’un code, mais insuffisantes pour embrasser la série illimitée des manifestations nécessairement variables de l’émotion créatrice.

La rigueur de ces préceptes était, en réalité, une offense à l’Art. Les proclamer, c’était, au fond, méconnaître sa véritable essence et son esprit, c’était se méprendre sur la nature de la création artistique, transformer en une opération de l’intelligence, en une combinaison et un calcul de la raison, ce qui est essentiellement un acte spontané du sentiment.

L’œuvre de l’artiste est, après tout, une fonction naturelle et instinctive, pas autre chose. L’artiste produit de la musique, de la peinture, des vers, de la prose, absolument comme la plante produit la fleur et son fruit, par une nécessité organique. C’est un phénomène normal et fatal chez lui. Il ignore même, le plus souvent, en vertu de quel pouvoir, de quelle mysté-