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une lette qu’il adressa en 1887 au romancier suisse bien connu M. J. V. Widmann, ami intime de Brahms, pour le prier de lui servir d’intermédiaire auprès de l’auteur du Requiem allemand. Nietzsche venait alors de publier chez Fritzsche, à Leipzig, l’Hymne à la vie pour chœur et orchestre, qu’il avait composé en 1882, à Naumbourg ; il demandait à M. Widmann de soumettre cette composition à Brahms. M. Widmann n’ignorait pas l’horreur de celui-ci pour ce genre de démarches. Brahms était trop sincère pour dissimuler son opinion. Donner son avis, c’était s’exposer soit à blesser la vanité de l’auteur, soit à devoir farder la vérité si cet avis n’était pas favorable. M. Widmann refusa poliment de se charger de l’envoi de la composition et pria Nietzsche de l’adresser directement à Brahms. C’est ce que fit le philosophe. Au paquet de musique, il joignit un exemplaire de son dernier livre. Brahms lui répondit peu après par un billet ainsi rédigé :

« Le Dr Joh. Brahms se permet de vous adresser par la présente ses plus vifs remercîments pour votre envoi ; il vous