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toutes les fois que j’entrais dans le salon, cet objet rouge me sautait aux yeux ; il me fascinait positivement comme le manteau rouge exaspère le taureau. Je voyais bien que Nietzsche voulait me dire : « Regarde, celui-là aussi a du bon ! » Et un soir, j’ai éclaté. Et quel éclat !

– Et qu’a dit mon frère ? demanda Mme Fœrester-Nietzsche. – Rien du tout ! Il a rougi et m’a regardé avec dignité. Je donnerais cent mille mark pour avoir autant de tenue que ce Nietzsche : toujours distingué, toujours digne. Ah ! voilà qui aide à faire son chemin dans le monde ! »

Cet incident se passait en 1874. Mme Fœrster-Nietzsche n’est pas éloignée de penser qu’il fut pour quelque chose dans la « méfiance » qui, dès lors, rendait Nietzsche soupçonneux à l’égard de Wagner. Et cela est d’autant plus vraisemblable qu’il faisait suite à l’incident de la propre composition de Nietzsche jouée un jour devant Wagner, avec Hans Richter et qui avait provoqué, elle aussi, « un éclat » de la part du maître.

Pour en revenir à Brahms, l’admiration de Nietzsche pour lui est attestée encore par