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véhémence même rend parfaitement vaines.

Les amis et disciples du philosophe se sont efforcés d’atténuer ce qu’il y a d’excessif dans ces dernières attaques contre Wagner ; ils insistent sur ce qu’il y eut de fatal, de nécessaire et en même temps de douloureux dans sa rupture avec l’homme si profondément admiré et aimé autrefois ; mais il y a plus dans ce roman que « le choc de deux individualités supérieures l’une et l’autre, entières et absolues l’une comme l’autre et qui se sont heurtées avec fracas parce qu’elles n’ont su, ni l’une ni l’autre, sacrifier à leur amitié la moindre parcelle de leur égotisme[1] » Du côté de Wagner, il n’y eut jamais, pour motiver un tel débordement de fiel et d’amertume, aucun acte désobligeant à l’égard du philosophe, si ce n’est son indifférence à l’égard du « musicien ». Les hostilités furent, dès le début, ouvertes par Nietzsche seul, sur un ton qui trahissait l’amour-propre blessé.

Wagner n’a pas été le seul à subir les excès de cet orgueil morbide. Un autre

  1. H. Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche.