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Quand on referme ce livre et qu’on se demande ce que Nietzsche a voulu y démontrer, quelle idée esthétique s’en dégage, on se retrouve devant le néant ; et il ne vous reste que l’impression singulière d’une amertume maladive, d’une causticité exaspérée, d’une violence haineuse où perce la révolte d’un orgueil déçu, d’une vanité blessée.

Au fond, ces deux écrits, le Cas Wagner et Nietzsche contre Wagner, ne sont pas autre chose qu’une vengeance. L’orgueil de Nietzsche, de cet homme qui disait de lui avec sérénité « qu’il avait donné aux Allemands les livres les plus profonds qu’ils possèdent », qui pensait à lui-même lorsqu’il écrivait « qu’il ne connaissait qu’un seul musicien en état aujourd’hui de tailler une ouverture en pleine matière musicale », la vanité blessée de l’amateur dont Wagner accueillit un jour avec un éclat de rire les essais de composition et qu’il se refusa toujours à considérer comme un musicien, voilà au fond ce qui, à la veille de l’effondrement définitif de la raison de Nietzsche, a inspiré ces diatribes, que leur