Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 246 –

est incontestable chez Wagner ; mais ce n’est pas de la sorte que l’entend Nietzsche ; ce n’est pas du génie dramatique qu’il veut parler, c’est de l’histrionisme, du cabotinisme, de tout ce qu’il y a de faux et d’artificiel dans l’art théâtral. Écoutez la suite :

« Wagner n’était pas musicien d’instinct. Il l’a prouvé en sacrifiant toutes les lois de la musique (?), ou, pour parler plus nettement, tout style dans la musique, pour en faire ce qu’il voulait avoir, une rhétorique de théâtre, un moyen d’expression, un renfort de gesticulation, de suggestion, de pittoresque psychologique. Wagner peut nous apparaître ici comme un inventeur et un novateur de premier rang ; il a multiplié à l’infini la puissance dialectique de la musique. Il est le Victor Hugo de la musique, comme langue ; et il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit de faire valoir en premier lieu que la musique doit être, dans certains cas, non pas de la musique, mais une langue, un outil, une servante du drame, ancilla dramatica. La musique de Wagner, non placée sous la protection du goût de