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développant tout d’une venue, sur une pareille étendue, sans répétition de leurs éléments mélismatiques ? Dans l’œuvre de Wagner, il s’en rencontre quelques-unes. C’est précisément une preuve éclatante de sa faculté d’invention lyrique, de son don de créateur mélodique.

Mais Nietzsche n’en veut pas démordre. Il se demande même si Wagner était musicien. Et il répond : « Il était en tous cas autre chose encore : un incomparable histrion, le plus grand comédien, le génie du théâtre le plus étonnant qu’aient eu les Allemands. Sa place est ailleurs que dans l’histoire de la musique ; on ne doit pas le confondre avec les grands authentiques de celle-ci. Wagner et Beethoven, c’est là un blasphème, une injustice envers Wagner lui-même. Il n’était comme musicien que ce qu’il était, somme toute, par essence : il devint musicien, il devint poète parce que le tyran en lui, je veux dire son génie de comédien, l’y força. » À la rigueur, ceci pourrait encore s’admettre : la prédominance du génie, de la compréhension dramatique sur toutes les autres facultés