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qui n’a pas grandi séparément ? Sa manière, en cela, rappelle les frères de Goncourt, qui sont à rapprocher aussi de Wagner quant au style. On a une espèce de pitié de tant de faiblesse ! »

Faut-il le répéter ? la faiblesse n’est pas en Wagner ; elle est toute chez le malheureux écrivain dont les facultés troublées errent d’une sensation à l’autre, sans se souvenir d’aucune, sans parvenir à les relier entre elles, sans s’apercevoir même de leur contradiction ; car, après nous avoir expliqué que l’art de Wagner est une loupe grossissante, il nous le représente ici comme un art de décadence, se perdant dans la minutie et la préciosité.

« Rien que des phrases courtes de cinq à quinze mesures, » écrit-il.

Quinze mesures !

Le pauvre Nietzsche, tout musicien qu’il était, se doutait-il seulement que les phrases de quinze mesures, – ou plutôt de seize, – sont les plus longues que l’on connaisse en musique et que, dans toute l’histoire de l’art, il n’y a pas beaucoup d’exemples de mélodies de cette longueur, de phrases se