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de la musique. On a lu ce qu’il dit du « son orchestral » de Wagner opposé au « son orchestral » de Bizet. Il fait bien de ne pas insister sur ce point et de s’en tenir à l’énoncé d’une prédilection personnelle qui reste sans portée, puisqu’elle fut précédée d’une prédilection pour l’art wagnérien infiniment mieux justifiée. Il tombe un peu plus loin dans un verbiage qui ne vaut guère mieux que celui de Tolstoï.

« On peut se passer de toutes les vertus du contrepoint, on ne doit avoir rien appris quand on possède la passion. La beauté est difficile (?), méfions-nous de la beauté ; et notamment de la mélodie. Calomnions, mes amis, calomnions toujours ! Si, d’autre part, nous prenons au sérieux l’idéal, calomnions la mélodie ! Rien n’est plus dangereux qu’une belle mélodie ! Rien ne gâte plus sûrement le goût. Nous sommes perdus, mes amis, si l’on se remet à aimer les belles mélodies ! »

L’amère ironie dont Nietzsche enveloppe le vieux cliché antiwagnérien de l’absence de mélodie ne suffit pas, vraiment, pour en renouveler l’à-propos.