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devait se trouver le pauvre Nietzsche lorsqu’il se laissa aller à commettre ses deux brochures antiwagnériennes. Ce sont deux pamphlets d’une violence extrême ; la verve en est étincelante, pleine d’un sarcasme amer ; on y rencontre encore çà et là d’éblouissantes lueurs ; au demeurant, on n’y démêle aucune idée esthétique directrice, l’incohérence la plus complète règne dans les appréciations et les faits.

Nietzsche se félicite d’abord d’être guéri du wagnérisme : « Le plus grand événement de ma vie fut ma guérison. Wagner n’appartient qu’à mes maladies », et il nous confie alors qu’il vient d’entendre pour la vingtième fois le chef-d’œuvre de Bizet : Carmen. C’est le nom qu’il oppose à Wagner. « Le problème de Wagner » opposé au « problème de Bizet ».

« Qu’une pareille œuvre perfectionne ! s’écrie-t-il en parlant de Carmen. On devient soi-même chef d’œuvre ! Toutes les fois que j’ai entendu Carmen, je me suis apparu plus philosophe, meilleur philosophe qu’auparavant… Le son orchestral de Bizet est presque le seul que je sup-