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Jamais il ne s’essouffle en chemin. La vie et l’art lui pèsent lorsqu’il ne trouve pas à se jouer avec leurs problèmes les plus difficiles. Considéré dans l’ensemble de son génie d’artiste, Wagner, si l’on veut le rapprocher d’un type d’artiste connu, rappelle un peu Démosthène ; il a le même sérieux terrible pour tout ce qu’il fait et la même puissance à saisir du premier coup et à garder solidement tout ce qu’il veut prendre. Comme Démosthène, il cache son art, en nous obligeant à ne penser qu’au sujet qu’il traite, et comme Démosthène, il est la dernière et la plus haute manifestation de son art, après toute une série de prodigieux artistes. Son art prend la place de la nature ; il est la nature retrouvée. Il ne nous fait penser ni à Wagner, ni à l’art, il nous donne simplement l’impression du nécessaire. »

La dernière observation est particulièrement intéressante ; elle explique le caractère impérieux que les critiques attribuent volontiers au génie de Wagner, sans parvenir à se rendre compte bien nettement de la nature du pouvoir qu’il exerce. Wag-