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générales, aux sentiments universels exprimés par la musique.

Ce que nous venons de dire à propos de Lohengrin s’applique à tous les autres héros de Wagner, de même qu’à toute la série de sentiments et d’idées que le Tondrama met en mouvement. Peut-on, par exemple, imaginer rien qui exprime l’idée de la souffrance irrémédiable de la vie, de la Détresse absolue et éternelle de l’humanité, d’une façon plus poignante que le merveilleux prélude du troisième acte de Tristan et la mélopée si tristement pénétrante du petit pâtre, chantée par le cor anglais au lever du rideau ? En ces quelques mesures se traduit avec une intensité inouïe la profonde mélancolie de notre destinée même ; toute la désolation tragique des agonies nous pénètre à ce moment avec une puissance qu’aucune parole ne pourrait égaler.

Eh bien, la tragédie, le vrai drame, le voilà ! Il est tout entier dans la musique, et dans la musique seule. La parole, le geste, l’action qui se superposent fixent seulement la pensée, ils déterminent l’image et